L'Eden, ses présentations et ses métamorphoses par Yves Stalloni

Découvertes et civilisation
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Conférence du 1ier juin 2021
Moins sans doute que les visions infernales, le Paradis terrestre ou Éden, pour employer le terme biblique, a constitué, depuis le Moyen-âge, un vrai sujet d’inspiration artistique. L’intérêt soutenu pour ce jardin merveilleux à l’existence hypothétique semble révéler un attachement symbolique à une terre primordiale, au séjour de la première enfance, à des temps innocents dans la maison du Père, où la nudité s’harmonise à une nature protectrice, un lieu d’immortalité où tout est offert. Les très nombreuses représentations qui en ont été faites ont eu tendance aussi à récupérer l’abondante littérature et iconographie concernant le pays idéal, motif dans lequel se rejoignent le vieux mythe de l’Âge d’or, les constructions utopiques et les descriptions délicates de la légendaire Arcadie, de Cythère ou du décor pastoral. Au risque de brouiller l’image de l’Éden telle que la Genèse a souhaité nous la transmettre.
De plus, la peinture du Paradis terrestre déborde généralement sur les épisodes qui suivent le séjour en ce lieu idéal où règne une parfaite harmonie. Les artistes ont souvent souhaité montrer l’épilogue dramatique de ce miraculeux moment de bonheur et les conséquences qui en découlèrent. La faute d’Ève, le bannissement du premier couple, le malheur attaché à sa descendance ont retenu leur attention. Ce qui explique que nous rencontrions assez souvent des représentations en diptyque ou en polyptyque, façon de souligner l’opposition entre le séjour idyllique des créatures innocentes et les éternelles souffrances des damnés après la chute. L’Éden, on le voit, nourrit notre imaginaire, remplit nos musées et mérite l’interrogation. "